La culture à Monaco dans l'histoire

De l’Antiquité à la prise du Palais en 1297 ?

Si la région de Monaco a semble-t-il toujours été fréquentée par l’Homme, le Rocher n’entre vraiment dans l’Histoire qu’à la faveur de l’établissement des Génois vers la fin du XIIe siècle. Le territoire devient alors propriété de la République de Gênes en Italie, laquelle décide en 1215 de poser la première pierre d’une forteresse, périmètre délimitant encore le Palais princier que l’on connaît aujourd’hui.

C’est en 1297 que l’histoire des Grimaldi rejoint celle de leur demeure. Cette période voit Gênes se débattre dans des luttes intestines entre Guelfes et Gibelins. Dans la nuit du 8 janvier, le Guelfe François Grimaldi dit « Malizia », se déguise en moine et use ainsi de la ruse pour s’emparer de la forteresse. C’est d’ailleurs depuis ce fait d’armes que le blason des Grimaldi est flanqué de deux moines brandissant une épée et la statue installée sur la Place du palais retrace cet épisode fondateur. La forteresse sera perdue à plusieurs reprises et ne sera définitivement recouvrée par les Grimaldi qu’une trentaine d’années plus tard. Charles Ier Grimaldi, arrivé au pouvoir en 1341, est ainsi considéré comme le premier seigneur de Monaco.

6 traditions monégasques

Fruits d’une longue histoire, la Principauté abonde de traditions historiques qui ont su perdurer à travers les siècles.

Sainte Dévote

Parmi elles, la fête de Sainte Dévote, célébrée tous les 27 janvier. Cette jeune sainte est martyrisée vers l’an 304 en Corse. Son corps, déposé sur une barque par des pêcheurs sur l’Île de Beauté, se serait échoué le 27 janvier sur le rivage de Monaco.

Célébré par les Monégasques depuis toujours, son culte, lié à Monaco et à ses Princes, se retrouve officiellement dans chaque église de la Principauté. C’est l’âme protectrice de l’identité monégasque et chaque année, la fête de la Sainte Dévote se déroule dans la ferveur, dont l’issue représente une barque symbolique embrasée en mémoire de la défunte par le Prince Souverain et la Famille princière.

Fête nationale

Chaque année, la Principauté célèbre sa fête nationale le 19 novembre, jour de la fête du Prince. Instaurée par le Prince Charles III en 1857, la fête nationale correspondait à la date de la fête du Prince Souverain. Lors de son accession au trône en 2005, le Prince Albert II a décidé de maintenir la date du 19 novembre en souvenir de son père.

Entre remises de médailles, spectacles, remises de présents aux aînés, feux d’artifice… la fête nationale donne lieu à de nombreuses réjouissances et cérémonies. C’est aussi l’occasion pour les Monégasques et résidents de la Principauté de témoigner de leur attachement au Prince et à sa Famille, et également d’orner de drapeaux aux couleurs de Monaco balcons et terrasses afin que le temps de quelques jours, le pays se pare de rouge et de blanc ! 

La Saint-Jean

Selon une tradition répandue, la Saint Jean est la fête célébrant la lumière. Autour du jour le plus long de l’année, l’allumage de feux de joie vise à prolonger l’éclat du soleil jusqu’au cœur de la nuit. A Monaco, cette fête s’étale sur deux journées et deux quartiers : le 23 juin à Monaco-Ville et le 24 juin au quartier des Moulins.

U pan de Natale

U pan de Natale est une très ancienne tradition monégasque dont le pain était récolté dans les campagnes du pays et dont la farine provenait de moulins locaux. Sur le dessus de cette boule de pain on disposait quatre à sept petites noix de manière à former une croix latine ainsi qu’un rameau d’olivier, gage de paix. 

Le soir de Noël, après la messe de minuit, le pan de Natale était placé sur la table afin que la personne la plus âgée ou la plus jeune procède à la bénédiction du pain en prononçant une phrase en langue monégasque : "Che dame chela ram'auriva e l'agiütu de Diu, u mà se ne vaghe e u ben arrive" soit en français : « Qu'avec ce petit rameau d'olivier et l'aide de Dieu, le mal s'en aille et que le bien vienne ».

U sciaratu

Avez-vous déjà assisté à un défilé de Carnaval… en été ? La tradition du carnaval monégasque, appelé sciaratu du monégasque « tapage », « chahut », a évolué au fil des siècles. Autrefois, les rues du Rocher accueillaient pendant la période de Carnaval des gens déguisés. Les plus jeunes faisaient sauter un mannequin de paille et de chiffons, u payassu, pendu et brûlé sur une terrasse du Palais.

Après plusieurs évolutions, le succès de cette manifestation poussa les organisateurs à déplacer le corso en été afin que résidents et touristes puissent y participer en plus grand nombre. Elle est encore aujourd’hui une fête populaire appréciée par toutes et tous au cœur des ruelles de Monaco-Ville !

La palladienne

S’il existe une architecture palladienne – style fortement basé sur les temples des anciens grecs et romains – il est une danse à Monaco qui a su traverser les âges et les époques : la Palladienne. Cette dernière est à la fois le nom de la discipline et du groupe folklorique composé d’instrumentistes (mandolines, guitares…) reprenant souvent des œuvres de compositeurs monégasques ainsi que de danseuses parées de rouge et de blanc en habit traditionnel. A chaque manifestation locale sa représentation de Palladienne, ou presque !

3 grandes femmes qui ont marqué l'histoire de Monaco

De nombreuses femmes ont marqué l’histoire de la Principauté, et ce dans plusieurs domaines, du sport à la science en passant par les arts. Focus sur trois femmes d’exception ayant chacune à leur manière imprégné Monaco de par leurs actions et leur rayonnement.

Marie Blanc

En avril 1863, le prince Charles III signe l’Ordonnance souveraine accordant la concession des jeux pour 50 ans à François Blanc : c’est alors la création de Monte-Carlo Société des Bains de Mer et le lancement du Casino de Monte-Carlo. Son épouse Marie Blanc, âgée de tout juste 30 ans, va alors grandement participer au rayonnement culturel de la Principauté. Décoration de l’Hôtel de Paris à grands frais, financement des fameuses caves du Palace sur ses fonds personnels, création du premier Café de Paris, conception de l’Opéra… Marie Blanc a laissé un fabuleux héritage culturel et a marqué Monaco d’une empreinte indélébile. Monte-Carlo Société des Bains de Mer lui a dernièrement rendu un vibrant hommage à l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme 2022 afin de mettre en lumière « celle sans qui la Société des Bains de Mer ne serait sans doute pas là aujourd’hui ».

Josephine Baker

Chanteuse, actrice, meneuse de revue, résistante… Joséphine Baker, icône du music-hall et des années folles, a eu plusieurs amours… son pays, Paris, ainsi que la Principauté de Monaco. Cette grande dame de la cause féminine et militante des minorités a fait son entrée officielle au Panthéon à Paris en novembre 2021, et repose toujours au cimetière de Monaco depuis 1975. Du milieu des années 60 au mitan des années 70, celle qui est alors une star mondiale est invitée à se produire très régulièrement en Principauté par la Princesse Grace. Au moment de clore un énième spectacle au Monte-Carlo Sporting Club où Joséphine Baker triomphe, celle-ci déclarera : « C’est au Sporting d’été de Monte-Carlo où j’approche la perfection. »

Coco Chanel

« Je ne fais pas la mode. Je suis la mode ». La créatrice et icône mondiale approche Serge de Diaghilev, alors directeur des Ballets Russes, afin qu’il puisse produire le ballet du Sacre du Printemps. Coco Chanel se rend ainsi de plus en plus fréquemment à Monaco et tombe sous le charme de la Principauté. De Cocteau à Dali, elle y fréquente le monde des arts et inspire le milieu de la culture monégasque. A commencer par Le train bleu, ballet mis en scène par Nijinska, dont elle dessine les costumes. Une première ! Dans la lignée, Coco Chanel lance la mode saisonnière estivale qui inspirera la création et le développement du Monte-Carlo Beach en 1928. Un épisode qui marque alors le début d’une longue histoire entre la marque et la destination, toutes deux se rejoignant sur de nombreux points, parmi lesquels le raffinement, la liberté et l’idée d’une tradition ancrée dans la modernité. Une conjonction qui a permis de faire naître un défilé croisière organisé par Chanel au Monte-Carlo Beach en mai 2022, la Principauté occupant une place de choix au cœur des inspirations emblématiques de la maison française.